Cérémonie Protocolaire – Le 20 juin 2014
DISCOURS DU PRÉSIDENT LOUIS DE BOUVÈRE
MANIFESTATION DE LA CÉLEBRATION DU 100E ANNIVERSAIRE DE LA
CITÉ JOYEUSE – LE FOYER DES ORPELINS
LE 20 JUIN 2014.
(Première partie)
L’HISTOIRE.
Mme la Bourgmestre,
Mr l’Ambassadeur et Madame,
Mmes et MM les Directeurs,
Mmes et Messieurs, chers amis,
En tant que Président du Conseil d’Administration de La Cité Joyeuse – Société Royale Le Foyer des Orphelins, j’ai l’honneur et le plaisir de vous souhaiter la bienvenue à cette séance au cours de laquelle nous évoquerons les 100 ans de la création et de l’évolution de notre institution.
La date retenue pour cet anniversaire est le 10 novembre 1914.
Comment les fondateurs en sont-ils arrivés là ?
L’histoire détaillée de cette création est largement décrite et illustrée dans un ouvrage spécifique qui vous sera distribué tout à l’heure, et je vous invite à le consulter.
Pour l’instant, mon intention est de vous exposer brièvement cette création et son développement qui s’étale sur un siècle, et ce en deux parties :
– une première partie sera factuelle, historique ;
– une deuxième partie se penchera plus précisément sur les valeurs, les principes, la méthode de fonctionnement.
Exprimée ainsi, la tâche peut paraître facile. Elle demande cependant lucidité et humilité, mais aussi délicatesse et tact. En effet, il s’agit de fêter une centenaire : se remémorer sa naissance, son enfance, son adolescence, ses difficultés, ses espoirs, ses projets, ses combats ses déceptions, son âge adulte et …d’envisager son avenir !
Aujourd’hui comme vous avez pu le remarquer, notre institution semble privilégiée. Ses bâtiments en bon état sont disséminés sur un parc arboré de plus de sept hectares. Ils abritent des bureaux administratifs, un économat, une école, une crèche et surtout, des homes pour enfants.
Les enfants dont nous nous occupons et qui ont toujours été la raison d’être de notre institution, sont aujourd’hui au nombre de 275. Ils ont de 0 à 18 ans (parfois lus) et sont pris en charge par plus de 200 membres de notre personnel, tous compétents et dévoués à cette tache cruciale et fondamentale, au sens premier du terme, je veux dire par là, un fondement pour les enfants et l’humanité ainsi que la société qui nous entoure.
Cette situation dont nous sommes fiers, est un héritage, créé et développé sur une période d’un siècle par nos prédécesseurs, tous bénévoles, philanthropes, altruistes, généreux et grands humanistes.
C’est donc le 10 novembre 1914, qu’un petit groupe d’hommes de cœur, émus par le sort des enfants victimes de la guerre, conçoivent le projet de leur venir en aide et rassemblent la modeste somme de 24 francs.
Dès leur entrée en Belgique, les Allemands pillent et incendient des bourgs et des villages, massacrent des citoyens et fusillent des otages afin de vaincre la résistance morale et matérielle des belges. Un grand nombre d’enfants sont sans foyer, vivent dans les rues, doivent être protégés et recueillis.
Emus par le sort de ces enfants, Charles de Gronckel et quelques autres philanthropes créent « la Société Nationale pour la protection des Orphelins de Guerre ». Charles de Gronckel, fonctionnaire au service d’hygiène de la commune d’Ixelles et qui est lui-même orphelin, apporte son expérience humaine et ses compétences professionnelles. Il est la cheville ouvrière et l’âme du projet.
Charles de Gronckel rallie à son projet Alexis Sluys, Nicolas Smelten et Charles Devogel, qui sont les auteurs d’un rapport, « La Cité des Orphelins », rédigé pour la Ville de Bruxelles en 1911. Cet ambitieux projet, jamais réalisé, servira de modèle, ramené évidemment, à une dimension beaucoup plus modeste : leur initiative est ici privée et non pas publique, financée principalement par la philanthropie dans un contexte de guerre.
Charles de Gronckel sollicite aussi la participation du Dr Ovide Decroly, militant actif de l’éducation nouvelle et lui présente le projet en ces termes : « Quelques personnes ont conçu l’espoir de créer des orphelinats destinés aux enfants victimes de la guerre, suivant les méthodes modernes et rationnelles d’enseignement. L’institution s’inspirera beaucoup des principes appliqués dans vos écoles et défendu par la société « L’Ecole Nouvelle » qui en est sortie. L’œuvre des orphelinats laïcs intéressera spécialement les enfants pauvres ».
Le Dr Decroly accepte et propose le nom « Foyer des Orphelins ». Il en exercera la présidence jusqu’en 1931.
Directeur honoraire de l’Ecole Normale de Bruxelles, Alexis Sluys succède, en 1878, à Charles Buls à la direction de l’Ecole Modèle, comme il lui succédera en 1914 à la présidence de la Ligue de l’Enseignement. Il se consacrera au Foyer des Orphelins jusqu’en 1934, et une dizaine de homes verront le jour en province, tant en Flandre qu’en Wallonie. Le Foyer des Orphelins de Liège, seul survivant, fêtera bientôt son centenaire.
Nicolas Smelten quant à lui, est directeur d’école communale. C’est un disciple de Decroly. Il est secrétaire général de la Ligue de l’Enseignement dont il deviendra président en 1931. Il assurera la direction pédagogique du Foyer des Orphelins à la mort du Dr Decroly et la présidence de 1953 à 1959. En 1936, il créera la première classe d’enseignement spécial de ce qui deviendra notre Ecole Nicolas Smelten.
Voilà, décrites en trop peu de mots, les personnalités, philanthropes, humanistes et visionnaires, qui ont été activement à la base de notre institution. Charles de Gronckel sera en outre l’initiateur de maints organismes sociaux dont l’existence nous semble si naturelle aujourd’hui. Mais dans les conditions d’alors, il ne pouvait concevoir ces aides sociales que dans le cadre d’un partenariat avec le privé.
Il faut près d’un an, dans les conditions difficiles imposées par la guerre pour que ce projet embryonnaire donne naissance au 1er home du Foyer des Orphelins, le 13 septembre 1915. C’est l’époque où la Belgique, bien que parmi les premières puissances économiques mondiales, traînait la patte dans ces domaines. Un exemple parmi d’autres : l’obligation scolaire venait seulement d’être votée
Il fallut trouver les moyens matériels et financiers indispensables vu la maigreur des subsides publics espérés. Ils provenaient de sources diverses : souscriptions ouvertes, organisations de festivités diverses, fournitures offertes par des commerçants, soutien d’un comité belge de propagande constitué aux Pays-Bas par des compatriotes exilés, fonds provenant des Etats-Unis et d’Amérique latine dus à l’incroyable élan de solidarité en faveur de notre petit pays dont la neutralité avait été bafouée par l’écrasante machine de guerre allemande.
Dans toute cette générosité, notons la première souscription de Madame Veuve Dua qui restera une fidèle bienfaitrice que les enfants appelleront « Bonne-Maman Saint-Nicolas ». Mentionnons surtout la société philanthropique des « Gais Lurons », soutien indéfectible jusqu’à leur dissolution. Ce sont les bénéfices de la course cycliste qu’ils avaient organisée au Karreveld qui permirent l’ouverture du premier home à Boitsfort, dans une propriété de campagne mise à disposition par le député permanent Hanssens.
Restait à recruter le personnel dont on attendait énormément : la perle rare fut Gabrielle Tilmanne, « Man Gaby », directrice du premier home, célibataire au dévouement infini, véritable « mère de famille nombreuse ». La difficulté de trouver du personnel compétent amena même, un temps, l’organisation d’un cours normal pour éducatrices.
En 1920, la demande du ministre Vandervelde, d’accueillir des enfants placés par le juge sera décisive pour l’avenir. Accueillir ces enfants au Foyer ne plaisait pas à tous et le Dr Decroly dut peser de toute son autorité pour vaincre les réticences. Voici un extrait de ses propos : « Alors que l’enfant en général, et le petit infirme en particulier, a le don d’exciter notre instinct de protection, de pitié, il est une espèce d’enfants qui nous émeut en sens inverse. Ils nous font peur … mais loin d’être des coupables ils sont souvent des victimes malheureuses et inoffensives, dignes de pitié, bien plus méritant qu’on vienne à leur secours, à la fois pour leur donner l’éducation, les soins moraux dont ils ont besoin, que pour les soustraire aux mauvais traitements, aux conditions hygiéniques déplorables, aux influences dépravantes ».
Cet avis est toujours nôtre et aujourd’hui, notre service d’Accueil et d’Aide Educative (le SAAE) héberge une trentaine d’enfants au pavillon Victor Rossel.
Les années 30 avaient vu aussi l’augmentation d’enfants déficients accusant un important retard scolaire. La difficulté de trouver un enseignement qui leur soit adapté amena, sous l’égide de Nicolas Smelten, l’ouverture, en 1936, d’une première classe d’enseignement spécial. C’était une entorse au principe d’origine qui voulait envoyer les enfants du Foyer dans les écoles publiques, mais c’était aussi une nécessité dont témoigne le rapide développement de ce qui deviendra l’Ecole Nicolas Smelten : 3 classes en 1939, 6 à la fin de la guerre auxquelles s’ajoutent des classes de prolongation scolaire, véritable enseignement professionnel adapté.
Les années 30 avaient aussi connu un énorme changement : des 6 homes en 1918, le Foyer était passé à douze, dispersés dans l’agglomération bruxelloise. Un regroupement s’avérait nécessaire pour des raisons pratiques et de cohérence pédagogique.
Une opportunité se présenta à Molenbeek qui disposait d’un terrain sur le plateau d’Osseghem. Un accord intervint sous le mayorat de Louis Mettewie, en 1936. C’est le point de départ des développements que connut, moyennant quelques extensions, le site de ce qui prit le nom de « Cité Joyeuse » et sur lequel nous nous trouvons.
La 2e guerre mondiale allait mettre encore à l’épreuve les capacités d’adaptation de la Cité. puisqu’elle avait ouvert, en janvier 1939, un home pour garçons juifs réfugiés.
Le défi pendant ces années de guerre fut surtout matériel : assurer le ravitaillement ; grâce à la mise en culture des terrains disponibles et à l’élevage de volailles et de porcs, chèvres, …, les administrateurs de la Cité furent fiers quand, à la libération, une commission médicale jugea que les enfants étaient privilégiés. Cela les priva, malheureusement, d’importants subsides accordés en faveur de ceux qui avaient le plus souffert de la guerre.
Après la guerre, la Cité Joyeuse se lance dans une nouvelle aventure : parallèlement aux classes d’enseignement spécial, des soins orthopédiques étaient dispensés aux enfants infirmes et estropiés. Cependant, ceux pour lesquels rien n’était prévu étaient les infirmes moteurs cérébraux. Sous l’impulsion du Docteur André Daelemans, Directeur général de la Cité, fut créée une institution pionnière en Belgique : la Fondation Arnaud Fraiteur. Les estropiés, souvent victimes de la poliomyélite, virent leur nombre diminuer avec l’apparition des vaccins tandis que celui des paralysés cérébraux augmentait et amenait à ouvrir, en 1955, une classe expérimentale, origine de l’actuelle section Fraiteur de l’Ecole Nicolas Smelten.
En application de la loi sur l’enseignement spécial de 1970, l’école accueille de nos jours 140 enfants, retient 3 des 8 types d’enseignements définis, soit, des troubles instrumentaux, des troubles structurels du comportement et de la personnalité, et des troubles cérébraux et moteurs.
Ce dernier type est la section Fraiteur issue du plus grand défi relevé par la Cité Joyeuse à la sortie de la guerre.
Le dernier développement, l’ouverture de notre crèche fin 2011, a pu être réalisé grâce à un partenariat avec la Commune de Molenbeek contribuant à combler quelque peu un déficit criant de places d’accueil pour la petite enfance. Ici aussi, il s’agit d’un accueil spécialisé à finalité sociale profonde, conformément à notre Mission
Les divers bâtiments se sont élevés petit à petit au fil des ans et de nos capacités financières. Ils portent des noms de présidents, d’administrateurs et de donateurs sans lesquels nos projets les plus généreux n’auraient pu se concrétiser. Ils sont répartis dans ce beau parc qui rappelle un des principes défendus par nos fondateurs : la beauté, sans luxe inutile, est une part indispensable d’une éducation qui tente de soustraire les enfants à une misère pas seulement matérielle, mais souvent aussi morale et intellectuelle.
Je ne m’étendrai pas sur les transformations plus organisationnelles et administratives dues aux réformes de l’Aide à la Jeunesse, de l’enseignement spécial ou à la régionalisation. Je n’ai retenu de ce siècle d’existence que les traits les plus marquants. Vous trouverez plus de détails dans la brochure richement illustrée qui vous sera remise à l’issue de cette cérémonie.
Je voudrais terminer cette première partie de mon intervention en vous exprimant un sujet de grande satisfaction.
Une préoccupation critique pour tous les bénévoles qui se sont succédés à la conduite de l’institution au cours de ce siècle, a toujours été la recherche de moyens financiers pour atteindre les buts humanitaires fixés. A l’origine, tous les fonds provenaient de dons privés. Par la suite, reconnaissant l’intérêt qu’ils avaient à soutenir une institution remplissant une mission à caractère social, donc d’intérêt public, les pouvoirs publics ont organisé en grande partie le subventionnement de telles institutions, pour l’essentiel de leur fonctionnement. Les contributions privées additionnelles restent cependant indispensables pour la survie de l’institution, tant pour le bien des enfants que pour le personnel employé. Car la Cité joyeuse est aussi un employeur fiable.
J’en viens donc à mon sujet de satisfaction qui est double :
D’abord vis à vis des pouvoirs publics et particulièrement des administrations qui nous subventionnent dont nous n’avons qu’à louer la grande correction et l’attitude positive vis à vis de notre activité. Nous sommes très conscients de ce que cela représente et leur sommes très reconnaissants. Qu’ils reçoivent tous ici l’expression de toute notre gratitude.
Enfin, au nom du Conseil d’Administration, je tiens à exprimer nos plus vifs remerciements à l’ensemble de ceux qui, à titre privé, individuel, collectif, ou d’entreprise, nous ont aidé au fil des ans, par des dons financiers ou matériels, et qui fidèles à leurs principes nous aident encore. Sachant que pour tous leur générosité n’est pas un acte d’ostentation, ils accepteront que je ne les cite pas individuellement dans ce remerciement collectif, mais néanmoins très chaleureux. Je me dois cependant de citer nos amis de Kid’sHope, notre association sœur, ou marraine je ne sais, constituée elle aussi, mais entièrement de bénévoles dévoués, qui s’est donné pour mission unique de nous aider financièrement et sans le soutien de laquelle nombre de projets n’auraient pu être réalisés.
Quelle satisfaction de constater que dans ce monde où règne l’individualisme, la convoitise et la cupidité, il existe encore des îlots d’humanité et de philanthropie qui s’activent pour une bonne cause, bonne pour toute la société, car travailler à l’épanouissement de l’enfance, c’est travailler pour l’avenir à long terme de son pays et de sa société.
Ce message est porteur de courage pour l’avenir de notre institution.
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DISCOURS DU PRÉSIDENT LOUIS DE BOUVÈRE.
MANIFESTATION DE LA CÉLEBRATION DU 100E ANNIVERSAIRE DE LA
CITÉ JOYEUSE – LE FOYER DES ORPELINS
LE 20 JUIN 2014.
(deuxième partie)
LES VALEURS.
L’on peut se poser la question de savoir, à quoi peut-on attribuer la ou les raisons de la longévité séculaire de notre institution. Comment se fait-il qu’elle ait résisté pendant 100 ans ?
Un des facteurs qui vient immédiatement à l’esprit est de dire qu’hélas, la population des enfants en grande difficulté, non seulement est toujours présente, en demande d’aide, mais qu’elle n’a cessé d’augmenter, mais aussi de changer, rendant des organisations comme la nôtre, publiques ou privées, indispensables pour les prendre en charge. Nous ne sommes certes pas les seuls. Mais ceci n’est pas la raison de notre longévité : ce facteur n’est pas une variable sur laquelle nous pouvons agir. Notre mission ne consiste pas à agir sur les causes structurelles des difficultés de l’enfance : nous les subissons. Notre mission consiste à travailler pour en atténuer les effets.
A côté de cette constante où nous intervenons en aval, il y a lieu d’en introduire une autre tout aussi nécessaire et réelle, c’est la continuelle adaptation de notre mission aux changements de notre société et les réponses à donner aux besoins de détresse du moment, dans l’unique intérêt de l’enfant en difficulté. Nous avons opéré ces changements.
Voilà la réalité du défi permanant proposé.
Pour assurer la longévité, nous pouvons d’abord agir de manière continue et renouvelée sur les variables des exigences financières et matérielles afin de faire fonctionner l’ensemble harmonieusement. Et de bien gérer le tout, de manière professionnelle et responsable.
Ce qui a été le cas, je pense, pendant un siècle.
Mais la longévité ne serait pas assurée sans l’intervention continue, indispensable et renouvelée également au fil des ans, d’un personnel dévoué et compétent, reconnu pour sa vocation, ses qualités, et sans lequel rien ne serait possible.
Ces deux facteurs, bien entendu sont nécessaires mais sont-ils suffisants à assurer une constance, une longévité séculaire.
A mon sens, il y a un facteur additionnel, le fil rouge permanent qui relie entre eux les trois points que je viens de citer : ce sont nos fondateurs qui l’ont imprimé profondément dès le départ dans leur création, et qui a été repris avec volonté et conviction par tous leurs successeurs et le personnel, jusqu’à aujourd’hui.
Je veux parler des valeurs d’humanité, de philanthropie de respect et d’écoute mises constamment en œuvre depuis l’origine par tous les intervenants, appliquées à tous, et particulièrement vis à vis des plus faibles. A ces valeurs s’ajoutent les principes de tolérance et de neutralité les plus strictes qui rendent cet ensemble de valeurs permanent et universel.
Le respect constant de ces valeurs crée la clarté dans nos objectifs et la stabilité dans nos stratégies.
Ces valeurs humaines appliquées à un système éducatif nouveau donnent la méthode Decroly toujours au centre de la pédagogie globale de notre institution, dans toutes ses composantes.
Ovide Decroly développa sa pédagogie des centres d’intérêt basée sur le vécu des enfants, projet humaniste qui prend en compte les besoins individuels et sociaux de chacun afin de préparer l’enfant à devenir un adulte libre et responsable. C’est l’école pour la vie, et par la vie. A cette époque, le Foyer des orphelins a été un pionnier reconnu, pas seulement en Belgique, en matière d’éducation nouvelle, ce qui lui a valu une reconnaissance internationale.
La méthode vise à recréer pour les orphelins des foyers familiaux, accessibles à tous, dans lesquels la vie des enfants est organisée dans des pavillons autonomes pour ressembler autant que faire se peut à celle d’une famille ordinaire et d’y appliquer les principes de l’éducation intégrale.
L’éducation intégrale, issue des réflexions menées dès 1864 par la Ligue de l’Enseignement, comprend les domaines suivants, d’importance égale :
· l’éducation morale, civique et sexuelle ;
· l’éducation intellectuelle ;
· l’éducation physique, gymnastique, natation,
· l’éducation manuelle, bricolage, jardinage,
· l’éducation esthétique.
L’éducation intégrale est basée sur la neutralité, s’écartant de tout enseignement confessionnel, elle forme à la liberté et à la responsabilité par la pratique du dialogue, de la bonté, de la justice, de la tolérance, et de l’entraide en recourant à l’autoévaluation, aux sentiments de solidarité et de respect de la personne humaine. L’apprentissage de la vie sociale est essentiel et le respect de l’enfant implique qu’il soit partie prenante des règlements qui régissent sa vie. La mixité, considérée comme un point indispensable, est actuellement universellement acceptée et les parents sont associés étroitement à la vie de leurs enfants à l’institution.
Outre ces aspects éducatifs, avec une guidance pédo- technique devant permettre à chaque enfant de s’épanouir en développant au mieux ses capacités, une attention sérieuse a toujours été apportée au suivi médical et hygiénique.
L’apprentissage avant d’être une accumulation de connaissances doit être un facteur de progrès global de la personne par une participation active de l’individu à sa propre formation.
Ce qui distingue aussi la Cité Joyeuse, c’est sa continuelle adaptation aux changements sociétaux et sa volonté de répondre aux besoins du moment dans l’intérêt de l’enfant, de sa famille et de la société.
L’histoire réussie du développement du Foyer des Orphelins de 1914 en Cité Joyeuse de 2014, et plus particulièrement de la promotion de l’enseignement spécial que notre institution pour certains aspects, est une des rares à offrir, de l’accueil d’enfants souffrant de troubles cérébraux ou moteurs et d’une crèche à finalité sociale, pour ne citer que ces aspects, témoignent à suffisance de cette volonté et de cette capacité d’adaptation aux changements vécus.
En conclusion, nous pouvons dire que notre institution est restée un haut lieu de l’éducation active au service des valeurs humaines, fidèle au but poursuivi par ses fondateurs à savoir, dans un souci de pérennité, créer du bien être pour l’enfance en difficulté et lui permettre son épanouissement.
Voilà donc les éléments constitutifs de la longévité de notre institution : la compétence éducative et le dévouement du personnel, la génération constante et appropriée de moyens matériels et financiers et leur gestion prudente, le tout, et ceci est le fil rouge, sous-tendu de manière permanente par les valeurs humaines universelles et de progrès à la base de sa création.